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Juste m'échapper.
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Texte du 7 avril 2015 (écrit avec une amie).

Texte du 7 avril 2015 (écrit avec une amie).

Texte du 7 avril 2015 (écrit avec une amie).

Les vagues s'agitaient à mesure que mes pensées se dispersaient; comme si j'étais apte à contrôler l'immensité de l'océan rien qu'en réfléchissant. Chaque nouvelle vague était l'incarnation de ma peine, de mes craintes. Chaque nouvelle vague créait le son de mes plaintes. Elles venaient s'échouer sur le sable encore chaud, là où naissait le sourire des enfants. Là où se ravivait la flamme des plus grands.

Les rayons de soleil terminaient leur journée en reflétant sur l'eau claire. Et moi, je n'avais pas bougé.

La foule de la journée s'était dissipée sans même que je m'en aperçoive, un peu comme si j'étais la seule à exister dans ce monde.
Un peu comme l'héroïne d'un livre, les autres ne sont que figurants et quelqu'un, là-haut, tourne les pages pour connaitre la suite de mon histoire.
J'ai toujours pensé que le jour où je mourrai, le monde s'arrêterait avec moi.
J'ai toujours pensé cela jusqu'au jour où la mort me prouva le contraire.

Intérieurement, j'étais bel et bien morte. Depuis quelques mois déjà. Mais physiquement, je m'en sortais... je semblais vivante, bien que triste. Si j'aimais tant la mer, c'est parce que je pouvais y voir mon reflet. Je pouvais contempler dans l'eau mon absence de sourire et mon excès de cernes. Mon teint était pâle, mon regard sans éclat. Je devais oublier celle que j'étais avant son départ, je devais faire mon deuil. Le deuil de moi-même.

Seulement, je pense qu'une fois je me suis un peu trop perdue dans le reflet que me renvoyait la mer. L'ondulation des vagues provoquait des troubles et un sourire était apparu. J'ai voulu plonger et voler ce sourire à cette eau pure, oubliant tout le reste. Oubliant même que je ne savais pas nager...

C'est alors que je me suis vue couler, comme attirée par le fond.
Je n'ai pas essayé de me débattre, remonter à la surface me semblait inimaginable. Je me suis laissée emporter dans le fond de cette eau claire; me heurtant, au passage, à un macif de corail. L'eau d'une transparence absolue s'est tout à coup mêlée à l'éclat d'un liquide rougeâtre : mon sang. C'est à ce stade proche de la mort que je me suis sentie le plus vivante.

J'étais enfin dans mon élément. Je ne parle pas de l'eau mais de la mort... Mon sang se mêlant aux multiples poissons de cette eau de plus en plus trouble était digne d'une œuvre d'art provoquant chez moi, un plaisir inattendu, une jouissance absolue. Si j'avais su que la mort serait mon tout premier orgasme, je n'aurais pas tant cherché à résister face à la faucheuse.